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[Article] Le mouvement low-tech

2023/11/01 - Notre vision du mouvement low-tech.

Image de titre de l’article “Le mouvement low-tech”

1. Low-tech


On la définit souvent avec le tryptique utile / durable / accessible popularisé par le Low-tech Lab1. Le terme low-tech, lui, est introduit par l’ingénieur Philippe Bihouix. Dans son ouvrage L’âge des low-tech2, il construit la notion de démarche low-tech (on utilisera ainsi la plupart du temps le terme low-tech pour caractériser une démarche, et non un produit) afin de proposer une direction technologique au service de la nécessaire décroissance énergétique et matérielle de notre société, qu’il prend soin d’expliquer et de justifier.

Cependant, l’exercice de définition des low-tech reste très complexe puisque plusieurs identités différentes, voir opposées, se revendiquent low-tech, et bien d’autres, qui partagent un bon nombre de valeurs en commun avec les low-tech, n’utilisent pas le terme pour expliquer leurs engagements.

La low-tech devient petit à petit un fourre-tout, un mot-valise qui tend à englober tout ce qui diffère de la direction technologique classique (à savoir, des objets toujours plus complexes, imposants, connectés, énergivore et ressourcivore). Si cette dérive est contestable, elle n’enlève en rien ce qui fait, selon nous, l’intérêt premier de la low-tech :

La démarche low-tech abolit le consentement implicite de passivité politique et philosophique auquel font fasse les corps d’ingénieurs et de techniciens du XXIe siècle (et avant nous du XXe). En effet, la démarche low-tech vient questionner avec un regard critique les motivations et implications sociales, éthiques et politiques de la technique. La démarche low-tech, dans son exercice, amène chacun à clairement identifier ses convictions et à déterminer comment son activité technique est au service de sa vision d’une société désirable, ou si au contraire son activité technique participe au problème.Autrement dit, la démarche low-tech rend la technologie à l’homme.

Les réflexions que nous avons eu pendant nos études en formation sur les low-tech nous ont amené à exprimer les convictions qui, selon nous, définissent notre vision des low-tech.


2. Notre vision des low-tech


Une volonté politique : retrouver du sens

La philosophie low-tech se propose comme une alternative complémentaire à la direction technologique actuelle de notre société. Elle propose une alternative viable et désirable. Elle souhaite promouvoir un mode de vie centré sur l’humain, un mode de vie plus sobre, plus soutenable, plus convivial. Cette démarche de questionnement impose de repenser notre rapport à la technique avec un certain discernement et de se réapproprier nos modes de vies. Cela redonne un sens plus profond à l’ingénieur dans la transition de nos modèles sociétaux.

Une technologie émancipatrice : briser les dépendances

A une époque où les ingénieurs sortent d’école sans savoir construire une chaise par eux même, il est temps de prendre conscience de nos dépendances technologiques. La low-tech est une invitation à reprendre du pouvoir sur certains aspects de nos vies au sein desquels la technologie a effacé l’humain, en se réappropriant les savoirs et les outils techniques liés à l’agriculture, à nos habitats, à l’énergie, au transport. La low-tech cherche le compromis entre complexité technique et simplicité. La complexité technique tend à distinguer un corps d’élite du reste de la population, les formes de pouvoir se traduisent dans les aspects techniques de nos vies, c’est un modèle de société technocratique. Tandis que la simplicité technique est pensée pour être accessible techniquement et financièrement.

La low-tech permet l’émancipation technique du plus grand nombre, on parle d’appropriation lorsque les utilisateurs comprennent comment fonctionne l’artefact technique et deviennent ainsi capable de l’adapter à leurs besoins changeants.

Une technologie localisée : maîtriser les impacts

En prenant comme premier axiome l’innovation sous contrainte, afin de respecter aussi bien les limites planétaires, que les enjeux locaux, la low-tech agit sur un territoire, pour ce territoire. Ainsi, créées écologiquement et pour durer dans le temps, les solutions low-tech sont adaptées aux ecosystèmes dans lequelles elles vont évoluer, puisqu’elles répondront directement aux besoins exprimés au sein de ceux-ci. Cette démarche s’accompagne d’un point de vue systémique qui cherche à visualiser et réduire les externalités négatives (transferts d’impacts3, effets rebonds, conséquences négatives indirectes…) pour favoriser les rayonnements positifs. L’écoconception, le design for sustainability4, les analyses en cycle de vie ont un rôle importants dans les réflexions low-tech car cela permet de mieux comprendre et maîtriser les impacts.

En savoir plus ?

La low-tech: vers des technologies sobres et résilientes ? ADEME: Démarche low-tech

Commentaires :



  1. https://lowtechlab.org/fr/la-low-tech  ↩︎

  2. Bihouix P. L’âge des low tech: Vers une civilisation techniquement soutenable, Edition Seuil, 2013. ↩︎

  3. Dans son article Comprendre et estimer les effets indirects de la numérisation, 2022 (URL: https://gauthierroussilhe.com/articles/comprendre-et-estimer-les-effets-indirects-de-la-numerisation) , Gauthier Rousshile présente de manière détaillée les principaux effets indirects: effet rebond, transfert d’impact… ↩︎

  4. Plusieurs articles sur le DfS: https://www.sciencedirect.com/topics/materials-science/design-for-sustainability  ↩︎